Les problèmes d'élevage spécifiques au Bélier Nain

  

 

    1.   Les problèmes de santé :

                     ·   les problèmes respiratoires

            Sans entrer dans les détails de toutes les pathologies diverses et variées dont peuvent souffrir les lagomorphes, certaines pathologies rencontrées en élevage sont plus ou moins spécifiques de la race élevée.

            En effet, les lapins nains ont été sélectionnés afin d'obtenir une tête de plus en plus ronde. Le bélier nain n'échappe pas à cette règle avec un profil franchement busqué. Par conséquent les sinus du bélier nain sont relativement courts ce qui favorise très nettement toutes les pathologies de l'appareil respiratoire. En cas de dyspnée ou de jetage, ne tardez pas à emmener votre compagnon chez votre vétérinaire.

                    ·   Les problèmes dentaires

            De cette tête ronde découle un deuxième problème fréquemment rencontré, celui de la mal occlusion dentaire, notamment la mal occlusion incisive. Ce problème s'observe très tôt après la naissance, les incisives ne peuvent s'user correctement et poussent trop ce qui empêche l'animal de s'alimenter correctement. Ce problème étant fortement héréditaire, il est fortement conseillé de ne pas utiliser de tels sujets pour la reproduction.

            En revanche, il ne faut pas s'inquiéter si un jeune de 5-6 semaines a les incisives en pince car à cet âge c'est la mâchoire inférieure qui grandit en premier, entre 8 et 12 semaines la mâchoire supérieure pousse et les dents s'affrontent à nouveaux correctement. Ceci n'arrive pas systématiquement mais c'est un phénomène courant chez les lapins nain

·   La génétique

            Un point sur lequel il convient d'insister est le problème lié au nanisme en lui-même. En effet, lors du travail de sélection et de croisements avec d'autres races de lapins, notamment les nains, les éleveurs ont introduit le gène responsable du nanisme dans le pool génétique du bélier nain. Ce gène chez le lapin est noté "Dw" (abréviation du mot anglais "dwarf" qui signifie "nain"). Un lapin nain aura le génotype suivant : Dw/dw

            Si l'on marie 2 nains ensemble, on obtient 50% de lapins nains (Dw/dw), 25% de lapins qui ne seront pas de taille naine (dw/dw) et 25% de lapereaux mort-nés ou qui ne pourront survivre plus de quelques jours (Dw/Dw). Le gène du nanisme est en effet létal à double dose, les sujets homozygotes pour ce gène ne survivront jamais.

 

        Aussi, pour contourner ce problème de mort-nés, la plupart des éleveurs n'accouplent que rarement deux sujets nains ensemble. En effet, il est plus intéressant, d'un point de vue génétique, de conserver des femelles de taille normale (elles atteignent facilement les 2 kg voire plus ) porteuses du nanisme (dw/dw). Bien que ces femelles ne puissent être présentées en exposition car elles sont trop lourdes et ont un corps et une tête assez longs et fins, elles présentent l'intérêt de ne pouvoir produire de petits homozygotes pour le gène Dw. Elles ne peuvent, accouplées avec des mâles nains (Dw/dw), que produire des petits nains (Dw/dw) et des petits de grande taille (dw/dw). Si l'on réfléchit bien, une femelle naine n'aura que 50% de sujets nains, tout comme sa sœur de grande taille, sauf que cette dernière, du fait de sa plus grande taille, aura des portées plus grandes d'une moyenne de 8 petits alors qu'une véritable naine n'en aura en moyenne que 3 ou 4. En outre, une femelle naine destinée à faire des expositions ne pourra pas avoir de portée sans risque soit de la fatiguer et de la faire maigrir soit de développer un fanon. Rappelons que le fanon est interdit chez les sujets nains. Une femelle fatiguée aura un poil terne et une croupe souvent un peu plus osseuse, ce qui n'est pas recherché chez un sujet de concours.

 

        De ce fait, en un an, une femelle naine pourra avoir 3 portées soit 12 petits dont seulement 6 seront nains. Une femelle non naine, elle, pourra avoir 6 portées de 8 petits ce qui fait 24 petits véritablement nains. On comprend qu'un éleveur a plus de chance de produire un sujet exceptionnel si le nombre de petits est augmenté. Il est du reste très courant d'entendre dire par les éleveurs que les meilleurs sujets sont souvent obtenus de cette façon

2.   Le problème de port d'oreilles :

             Le port d'oreilles en fer à cheval est la particularité du bélier, c'est son profil busqué et ce port particulier qui lui a valu le nom de bélier. Cependant il est fréquent d'obtenir des sujets dont le port d'oreilles n'est pas satisfaisant même dans des portées issues de superbes sujets. Il est vrai qu'en France et en Allemagne on rencontre peu ce problème car ces 2 pays imposent une longueur minimum de 24cm, ce qui aide les oreilles à tomber. Cependant d'autres pays comme les États-Unis et la Grande-Bretagne n'imposent pas de longueur minimale et au contraire souhaitent des oreilles les plus petites possible. Il est alors fréquent de rencontrer des sujets ayant ce qu'on appelle le contrôle de leurs oreilles, c'est à dire qu'ils sont capables de les remonter à l'horizontale voire à la verticale par moment. Mais nous verrons le problème de la couronne plus profondément au chapitre suivant.

 

3.  Le problème de type :

             Comme nous l'avons vu, cette race est d'origine assez récente et nous sommes forcés de constater une importante variation au sein de cette race. Variations qui ne concernent pas seulement la taille, bien que les sujets trop lourds soient fréquents, mais également la morphologie générale de l'animal. Il est encore courant de rencontrer des sujets trop longs ou ayant des épaules insuffisamment développées et trop longues. La tête également varie considérablement d'un sujet à l'autre. Certains sujets ont une tête franchement ronde alors que d'autres ont une tête plus longue. Alors quand vient se rajouter le problème de génétique que l'on vient d'aborder, on  se rend compte qu'il y a un effort véritable à faire concernant la sélection des sujets dans cette race. Les apparences sont parfois trompeuses. Une des éleveuses dont j'ai fait la connaissance m'a confié qu'elle avait gardé une femelle de grande taille issue de ses deux meilleurs sujets, pensant que sa taille et son manque de type étaient dus à son génotype (dw/dw). Quelle ne fut pas sa surprise quand dans sa première portée cette femelle produisit 2 petits homozygotes pour le gène nain ! Tous les deux moururent dans les 3 premiers jours qui suivirent leur naissance. Cette femelle était génétiquement une véritable naine et d'un type insuffisant. Ce type de bélier apparaît encore dans les portées actuelles. La sélection se doit d'être rigoureuse d'autant plus que cette race est récente et que les éleveurs cherchent à produire des béliers nains de toutes les couleurs. Pour se faire, ils croisent leurs béliers nains avec des lapins d'autres races ce qui inéluctablement ramène de la taille.

 

4.  Le problème de la couleur :

            Un autre problème fréquemment rencontré est celui du coloris de la robe du Bélier Nain. En effet, les sujets les plus typés sont les sujets chamois car c'est une des couleurs travaillées depuis la création de cette race. Or toutes les couleurs ne sont pas compatibles avec le chamois et il faut plusieurs générations avant de pouvoir se débarrasser des gènes introduits avec une couleur donnée. A ce problème s'ajoute celui des motifs. Chez les béliers, quelle que soit leur taille, le manteau bicolore constitué de blanc et d'une seconde couleur, est assez recherché. Mais il est difficile d'obtenir un manteau convenable sans que le blanc ne devienne trop envahissant. En outre les zones colorées ne doivent pas avoir de poils blancs à l'intérieur ce qui arrive régulièrement. Si l'on marie deux sujets à manteau bicolore (En/en, on note En le gène responsable de ce type de marquage), seulement 50% des petits auront la chance d'avoir un manteau correct. 25% seront unicolores (sans blanc c'est à dire en/en) et les 25% restant auront trop de blanc allant jusqu'à les faire ressembler à des papillons ou à des blancs de Hotot de mauvaise qualité (En/En).